Les 5 habitants
Partners: DRAC, Maison de l'Architecture de Basse Normandie
Location: France
2012
The banality of a daily life where everyone has known each other for most of their lives, where the landscapes seem almost transparent, where well-oiled routines run smoothly.
There’s nothing like it for a foreign eye. Each inhabitant was like a character in a fairytale. All you had to do was write the tale and share it with them.
“Il était une fois, dans un petit pays en forme de diamant, cinq habitants que tout opposait. Ils vivaient seuls, chacun se dédiant à d’importantes occupations qui les accaparaient entièrement.
Ils avaient divisé le territoire de leur pays, de sorte qu’ils ne se croisaient presque jamais. Cette division n’avait pas vraiment fait l’objet d’une décision, elle s’était plutôt faite d’elle-même, au gré des activités de chacun. Les territoires des cinq habitants n’étaient pas égaux, mais cela ne leur importait guère, ils n’étaient pas des conquérants, mais plutôt des travailleurs acharnés, trop occupés par leur labeur pour regarder ce que faisait les autres, et où ils le faisaient.
Laissez-moi vous les présenter. Ils étaient quatre hommes et une seule femme. Il y avait le Cowboy, le Bâtisseur, l’Historien, le Cavalier et l’Automobiliste.”
“L’Automobiliste était une femme organisée.
Elle était arrivée récemment dans le pays en forme de diamant, mais n’avait pas eu beaucoup de temps pour apprendre à le connaitre. Elle avait choisi de s’établir ici parce que le Pays était desservi par de très bonnes routes, et elle avait pensé que s’y installer lui simplifierait la vie.
Au début, elle fut un peu effrayée de voir que le pays n’était habité que par des hommes, tous très occupés et qui, lorsqu’elle avait le temps de les apercevoir, lui jetaient des regards méfiants et ne lui adressaient jamais la parole. Mais elle avait tant de choses à faire que cela ne l’avait pas préoccupé très longtemps.
Très vite, elle connut parfaitement toutes les routes de la région. Celles qui étaient en travaux, celles qu’il fallait emprunter pour aller plus vite, celles qui offraient un joli point de vue le matin, celles qu’il fallait éviter les jours de pluie, celles qui permettaient d’ingénieux raccourcis.
En regardant par la vitre de sa voiture, elle s’était peu à peu attachée au paysage qu’elle voyait défiler tous les jours. Elle appréciait les lumières changeantes, elle aima la brume pour la première fois, goutait la mélancolie des jours gris. Elle se promettait chaque fois de s’arrêter un autre jour, d’aller voir au bout de ce chemin qui l’intriguait, de visiter ce manoir qu’elle apercevait au loin, de marcher peut-être le long de la rivière. Mais elle repoussait chaque fois ce jour, elle n’avait jamais le temps.”
“Le Cowboy était un homme contemplatif.
Il avait de la chance, pensait-il, car il vivait sur un un territoire à perte de vue, il avait de l’espace plus qu’il ne pouvait en parcourir en une journée, une vie au grand air. Il était responsable d’un grand troupeau, dont lui-même ne savait plus s’il lui appartenait ou non. Les bêtes étaient là de tout temps.
Autrefois certains venaient se déclarer propriétaire de telles ou telles, mais ils s’étaient fait moins nombreux chaque année, et désormais plus personne ne venait lui réclamer quoi que ce soit.
Certes, le Cowboy avait de la chance. Mais un sort avait été jeté sur le pays en forme de diamant : pendant plusieurs mois, les terres du Cowboy disparaissaient entièrement, et ne réapparaissaient que plusieurs mois plus tard. Il ne savait jamais quand cela pouvait se produire, et il devait alors courir après les animaux devenus sauvages pour les enfermer dans de petites étables.
Mais cela devenait de plus en plus difficile au fil des ans, et chaque année, à chaque fois que disparaissait son territoire, de plus en plus de bêtes disparaissaient avec lui.”